La violence formelle au cinéma : la perception malmenée
17 décembre 2024 – 18 décembre 2024
Journée d’étude organisée par le laboratoire LASLAR · UR 4256, les 17 et 18 décembre 2024, dans l’amphithéâtre de la MRSH.
Programme
Responsables scientifiques : Baptiste Villenave (université de Caen Normandie) et Massimo Olivero (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
La question de la violence est l’une des plus fréquemment traitées dans le cadre des études cinématographiques. Pourtant, c’est presque toujours à travers le prisme du « contenu » profilmique des images qu’elle est abordée : horreur de la guerre et des univers concentrationnaires, torture physique ou mentale, représentation de la mort, brutalité exercée à l’égard d’un être humain ou d’un animal…
Dans le cadre de 2 journées d’étude (la première à Caen les 17 et 18 décembre 2024, la seconde à Paris le 3 juin 2025), nous souhaitons déplacer la focale, afin d’examiner la violence de certaines formes cinématographiques. Il s’agira donc d’étudier ce que nous proposons de nommer la « violence formelle » au cinéma.
Il existe en effet tout un panel de formes cinématographiques brutales, agressives, au sens où elles génèrent pour les spectateurs des stimuli sensoriels désagréables, voire douloureux : montage ultra-rapide, pulsatile, de plans hétérogènes, parfois monophotogrammatiques ; répétition ad nauseam de certains sons se caractérisant, par exemple, par leurs basses puissantes ; transformations soudaines et spectaculaires de la perspective et de la profondeur de champ ; changements brutaux et inattendus des échelles de plan ; images au cadre extrêmement tressautant ; absence volontaire de raccord et « saut » d’un plan à un autre ; usage de lumières aveuglantes ou de couleurs saturées…
Des formes violentes sont mobilisées, bien qu’à divers degrés, tant par le cinéma mainstream (Alfred Hitchcock, Martin Scorsese, Sam Peckinpah…) que par le cinéma « de genre » (films d’horreur, avec notamment les slashers, qui inscrivent le motif de la taillade dans le style filmique lui-même) et le cinéma d’avant-garde (Sergueï Eisenstein ; Peter Kubelka ; le cinéma dit « structurel », avec notamment Paul Sharits, Ernie Gehr, Michael Snow, Tony Conrad, Ken Jacobs…).
À travers des corpus variés, ces journées d’étude tenteront donc de cerner la nature de la violence formelle au cinéma, et les fonctions qu’elle peut y assumer.