Philippe Chanial nous a quittés brutalement le 11 décembre 2024. Avec sa disparition nous perdons une figure bien connue et très appréciée de l’université de Caen.
Maître de conférences au département de sociologie de 1993 à 2005, Philippe avait rejoint l’université Paris-Dauphine pour revenir à Caen en 2012, en qualité de professeur. En 2021, il avait été nommé à l’université Paris-Cité. Mais en dépit de cette nomination, Philippe avait choisi de demeurer à Caen où il avait tissé des liens forts et avait de nombreux amis.
De ses années caennaises, on se souviendra d’abord de ses multiples engagements dans la vie universitaire. Directeur du département de sociologie à plusieurs reprises, Philippe avait également dirigé le laboratoire (CERREV), avant d’être élu comme directeur de l’UFR HSS. Quelques années avant son ultime départ pour Paris-Cité, il était aussi devenu vice-président de l’université, chargé de l’égalité, la parité et la vie citoyenne ; mission qu’il partageait avec Julie Anselmini.
Philippe Chanial était avant tout un sociologue atypique et un intellectuel. Tournant résolument le dos aux excès de l’empirisme sociologique, sa carrière de chercheur a été placée sous le sceau du dialogue entre les disciplines. Son ouverture à l’anthropologie, à la philosophie, à la littérature l’a conduit à proposer des analyses de notre monde aussi fines que pertinentes, où il aimait opposer l’espoir du côté lumineux de la force du social aux multiples manifestations de la crise. À sa remarquable érudition s’ajoutait surtout une grande curiosité que nourrissait une humilité qui le conduisait à se défier de tout esprit de système. C’est dans cette perspective intellectuelle qu’il a mené nombre de travaux sur la démocratie, la solidarité, les associations, la pauvreté qu’il analysait, selon l’une de ses expressions favorites, en « clé de don ». Le paradigme du don constitue un effet le fil directeur de cette œuvre qu’il a construite en compagnon de route du MAUSS (Mouvement Anti-utilitariste en Sciences Sociales). Devenu membre du MAUSS dès le milieu des années 90, il était devenu directeur de la revue il y a quelques années, succédant à Alain Caillé qui l’avait fondée au début des années 80.
Chercheur passionné et pour cela travailleur infatigable, Philippe Chanial laisse une œuvre foisonnante dont on peut regretter qu’il n’ait eu le temps de la prolonger. Philippe laisse aussi beaucoup d’amis et de collègues, tristes de sa disparition prématurée. C’est à eux qu’il incombera de faire vivre son œuvre, en amis et en peut-être disciples.
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