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Les jeudis du grand parler · Sans foi, sans loi, sans roi
18 janvier 2024 · 17h30 – 19h30
Prochaine séance des Ateliers de lecture “Les jeudis du grand parler”, organisée par l’association Anamnèse, l’IMEC, La Fabrique de patrimoines et le laboratoire CERREV · UR 3918, jeudi 18 janvier 2024, à 17h30, à la MRSH.
Les jeudis du grand parler
L’association Anamnèse, l’IMEC, le laboratoire CERREV et La Fabrique de patrimoines vous proposent de parcourir cette année les travaux de Pierre et Hélène Clastres, couple d’ethnologues spécialistes de différentes cultures de chasseurs-cueilleurs d’Amérique du Sud. Initiateur de l’anthropologie politique et inspirateur de l’anthropologie anarchiste, Pierre Clastres (1934-1977) mena de nombreux terrains au Paraguay, Brésil, Venezuela et Bolivie, encouragé par Claude Lévi-Strauss. Hélène Clastres (1936-2023), formée par Roger Bastide, l’accompagna sur ses premiers terrains et s’initia par la même occasion à l’ethnologie. Après la mort accidentelle de Pierre Clastres, elle assura un travail de diffusion de ses écrits tout en poursuivant sa propre carrière d’ethnologue. Hélène Clastres nous a quitté cette année, cet atelier de lecture est donc l’occasion de rendre hommage à ce travail, parcourir ensemble l’œuvre des Clastres et en saisir les résonnances contemporaines.
Chacune des séances proposera d’explorer collectivement un ou deux textes des Clastres, découverte pour certains et approfondissement pour d’autres, en compagnie de spécialistes. Ce format doit permettre à chacun.e de s’approprier la diversité des thématiques de l’oeuvre – la guerre, la violence, le politique, le rapport au pouvoir – et leur actualité : droits des peuples autochtones, appropriations des théories de Pierre Clastres dans les milieux autonomes et anarchistes, place de la littérature dans l’ethnographie contemporaine…
Programme de la séance du 18 janvier
Sans foi, sans loi, sans roi
avec Jean-Paul Demoule, professeur émérite d’archéologie, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
La Société contre l’État est un recueil d’articles parus dans différentes revues entre 1962 et 1973 – excepté le dernier chapitre, inédit, qui donne son titre au livre. Par cette expression Pierre Clastres veut dire que, contrairement aux « sociétés à État » qui instituent un pouvoir politique coercitif, il existe des sociétés qui instituent un pouvoir politique non coercitif : les « sociétés primitives » ; c’est-à-dire des sociétés qui créent intentionnellement des institutions politiques qui instaurent et préservent la liberté et l’égalité des membres de la communauté.
« La division majeure de la société, celle qui fonde toutes les autres, y compris sans doute la division du travail, c’est la nouvelle disposition verticale entre la base et le sommet, c’est la grande coupure politique entre détenteurs de la force, qu’elle soit guerrière ou religieuse, et assujettis à cette force. La relation politique de pouvoir précède et fonde la relation économique d’exploitation. Avant d’être économique, l’aliénation est politique, le pouvoir est avant le travail, l’économique est une dérive du politique, l’émergence de l’État détermine l’apparition des classes. »